Ball Trap



Date de sortie : 5 décembre 2016 sur internet,
23 juin 2017 en distribution par SEASONS OF MIST
Editeur : auto produit.
Producteurs : auto produit.
Pochette : Nicolas DUBUISSON.
TITRES
1 - Ball trap -3'15
2 - Mille regards - 4'02
3 - Foutue belle jeunesse (la carapace) - 3'31
4 - Brûle - 3'09
5 - Madame - 3'51
6 - Cabaret Voltaire - 3'18
7 - Mon nom - 3'36
8 - Décadence - 3'26
9 - La Fille de Manchester - 3'26
10 - Vaille que vaille - 3'16
11 - Carnaval cannibale - 3'23

CHRONIQUES


ROCKHARD n°171 - décembre 2016 - album du mois
charlélie arnaud
Aujourd'hui, je biche (comme on disait dans l'ancien temps). Je suis heureux parce qu'un groupe surgit de presque nulle part, autoproduit, et qui se sort les doigts à longueur d'année pour se faire connaître, se paye le luxe d'être "album du mois" de deux des membres de cette rédaction. Je suis aussi heureux parce que, d'une part, cela servira de leçon aux haters persuadés que notre auguste publication est à la solde des labels qui achètent de la publicité à tout va et, d'autre part, parce que ce simple encadré constitue un formidable message d'espoir confirmant que tout est possible avec une volonté de fer - et bien sûr - du talent. Malemort a sorti l'album French Romances en 2012 et il était d'ores et déjà évident que ce groupe atypique à mi-chemin entre rock et metal tenait un sacré filon. De là à s'imaginer que quatre ans plus tard, tenir, entre les mains, un disque du niveau de Ball Trap, il y avait tout de même un bout de chemin. Qu'ils ont parcouru de toute évidence. Difficile de savoir par où commencer pour en parler...
Il semble exister une race à part d'individus qui sait exactement quoi jouer ou quoi chanter pour que l'efficacité absolue soit au rendez-vous et que cette fameuse mélodie vous tombe dans l'oreille comme si vous en aviez toujours rêvé. Les deux principaux compositeurs de cet album (Xavier Malemort /chant et Seb Berne /batterie) ont assurément ce don. Et pourtant, le style pratiqué par Malemort n'est pas chose facile : avec le cul entre deux chaises (rock et metal) et ce chant en français très particulier, on ne peut pas vraiment dire que le quintette du Val d'Oise ait choisi la facilité. le rock'n'roll immédiat ("Cabaret Voltaire") y côtoie des plans qui confinent au thrash death mélodique (l'intro de "Mille Visages", digne de Dark Tranquillity en 1995), tout en passant par toute la gamme de couleurs disponible : rock, hard rock, fusion, heavy metal, tout le monde est là. Il ne manque que le doom et le black, mais on les réclamera pour une prochaine fois. Citer les titres maquants serait trop long, mais il reste un dénonimateur commun à toutes ces chansons aux parfums différents : une science des refrains absolument redoutable qui peut vite tourner à l'obsession en cas d'écoute répétée. Des tournes qui rendent complètement fou, au même titre que "Argent Trop Cher" ou "L'Elite" en leur temps. Et nous parlons ici de (minimum) six ou sept refrains addictifs sur onze titres que compte l'album...
Appetite For Destruction, sors de ce disque français ! Je plaisante, bien sûr, mais je ne suis pas si loin de la vérité. Le chant de Xavier Malemort va mettre un petit moment à séduire le plus grand nombre: comme toutes les voix particulières, son timbre demande un temps d'adaptation. Ses textes ciselés empreints d'un vocabulaire parfois suranné, ainsi que son phrasé, unique, feront l'objet d'un débat. L'emphasey est omniprésente, comme chez un Serj Tankian (SOAD), un Geddy Lee (Rush) voire un Mano Solo avec lequel il partage certaines intonations. Une particularité qui fait aussi la richesse du groupe, au même titre que le prodigieux travail du guitariste soliste Seb Lafaye dont les envolées ne sont jamais stériles et laissent souvnt béat, tout comme la production d'El Mobo... Je vais me calmer, je vais me calmer... Il est rare que je m'étende aussi longuement sur une chronique car je n'apprécie pas lire moi-même des avis trop étirés, désolé. Mais ce disque est un chef d'oeuvre et je suis obligé de m'en faire l'écho. A l'heure où le monde entier se touche la nouille pour savoir si le nouveau Metallica est une merveille ou une bouse, mon lecteur CD a bien d'autres préoccupations. L'album de Malemort ne l'a pas quitté depuis deux semaines, à raison de trois fois par jour minium. Ça fait très longtemps que ça ne m'était pas arrivé, mais je le vis plutôt bien. Sauf que je chantonne toujours les onze mêmes chansons.
ROCKHARD n°171 - décembre 2016 - album du mois
philippe lageat
Je n'aurais pas dit mieux. Originalité. Personnalité. Mélodies imparables. Onze tubes. Ecoutez. Savourez !
D'ores et déjà dans mon Top 10 de l'année.

ROCKHARD n°172 - janvier 2017 - classé 6ème dans le top 10 de la rédaction
charlélie arnaud
A la sixième place de notre classement, un deuxième groupe français, Malemort, dont le deuxième album de "Metal Libre", Ball Trap, révèle au grand jour le potentiel de ses débuts. En sortant des sentiers battus, mais également grâce à sa science du refrain qui fait mouche, Malemort nous fait l'éclatante démonstration que l'on peut être original et percutant.

MYROCK - janvier 2017
Ce jeune groupe ahurissant de maîtrise a de quoi bousculer toute la sphère Metal française.

METALLIAN - janvier 2017
Ils sont partis pour aller très loin.

HARD FORCE - février 2017
Une pièce maîtresse dans le rock français.

heretik - 28 novembre 2016 - note : 4,5/5
axl
Après leur prestation au RaismesFest 2016, nous voulions en savoir un peu plus sur les Franciliens de Malemort ! Et ça tombe bien, quatre années après la publication de French Romances, son premier album, la formation accouche de Ball Trap. Encore une fois autoproduite, cette formation réitérait ses voeux pour l’avenir: promouvoir un acier inoxydable libre dans lequel folie et dégénérescence ne cessent de flirter ensemble.
Quand on écoute un album auto-produit, on peut se faire de mauvaises idées et se monter des préjugés honteux comme la crainte d’avoir affaire à un album qui souffre d’une production approximative. Or, ce n’est point le cas ici puisqu’une fois le titre éponyme enclenché, elle est si efficace que l’on se prend une belle claque dans la face !
C’est bien parti ! Et voilà que « Mille Regards » prend le relais… Et c’est là toute une richesse musicale qui nous saute aux yeux. À l’instar d’un bon vieux Faith No More, Xavier joue au fou et est fort de ce genre flow qui fait plaisir à entendre. Ça groove et le tout se mêle à des batteries percutantes et efficaces. Mais nous n’oublierons pas de mentionner quelques groupes comme System Of A Down sur « Brûle », Anthrax sur « Madame » et même Rammstein et Léo Ferré sur « Vaille Que Vaille ». Oui, quand on vous dit que le groupe ne se fixe aucune limite…
Xavier, Xavier et encore Xavier. Voilà un homme de Lettres, amoureux de la langue de Molière, qui a travaillé sa voix et ses paroles. Tout est réfléchi chez Malemort et l’on sent bien que ce poète veut parler de sujets qui lui tiennent à coeur, notamment sur « Cabaret Voltaire ». C’est un morceau, démesurablement fantaisiste, groovy à souhait, qui reflète bien l’univers de ce fameux lieu de débauche, véritable plaque tournante de la culture des années 1910. Et si le groupe voulait retranscrire l’ambiance de ce club ? Peut-être bien ! Un vrai concept se met place et défile devant nos yeux !
Mais il ne faut pas oublier que tout un orchestre soutient le bonhomme dans sa démarche… Tous les musiciens présentent un travail des plus aboutis et ce, sous tous les angles. En effet, ils ne cessent de varier les ambiances. Les titres prennent souvent de nouvelles tournures au fur et à mesure à l’instar de « Madame ». En outre, si c’est le refrain de Xavier qui reste en tête, beaucoup de parties instrumentales marquent l’auditeur. On vous conseille donc d’écouter le morceau en question à maintes reprises afin d’y discerner toutes ses subtilités. Voilà qui est intéressant !
Les guitaristes en herbe en prendront également pour leur grade ! Non seulement tous les pistes de l’instrument en question sont sublimées par une production qui se veut des plus claires, mais les deux Sébastien développent aussi de nombreuses techniques de jeu discernables et assimilables entre mille. Avez-vous écouté ces solos enflammés sur « Cabaret Voltaire » et « Décadence » ? Ça monte, ça redescend et ça ne tombe jamais dans la démonstration…. Même constat pour l’obscur « La Fille De Manchester ». Ça étouffe ses notes, ça riff comme jamais. Voilà un morceau très abouti qui juxtapose finement les parties claires et la basse bondissante. On a apprécié.
Maintenant, nous comprenons les raisons pour lesquelles Bertrand Roussel nous faisait les éloges de ce groupe au Raismes Fest. Il est vraiment excellent… Hélas, la petite scène ne leur a pas rendu justice… Heureusement pour nous, ce nouvel album rectifie le tir. Ce groupe incarne la diversité, la décadence, l’ouverture d’esprit et n’en fait jamais trop. C’est un groupe sérieux qui sait où il va et qui risque de faire parler de lui par la suite !

metal news - 1 decembre 2016
mortne2001
Il y a des disques qu’on aime pour des raisons précises, parce qu’ils prêchent votre chapelle, parce qu’ils font appel à un sens de la nostalgie, parce qu’ils sont novateurs, ou juste parce que la musique qu’ils proposent en appelle à votre ressenti, sans que l’on puisse expliquer pourquoi en posant une équation charnelle sur le papier. Chacun lit une partition, un poème, ou une histoire comme il le ressent, sans avoir besoin d’expliquer ses inclinaisons. On appelle ça le libre arbitre.
Certains musiciens jouent une musique immédiatement identifiable, estampillée d’un sceau bien précis, se situant dans les balises d’un style, d’une influence, d’un courant. On joue comme on peint, on prend d’abord une toile vierge et puis on commence les contours, ou le thème central, on essaie de provoquer une réaction chez celui qui regarde, qui écoute, qui danse, ou qui…secoue la tête.
Et l’avantage avec MALEMORT, c’est qu’on ne se la prend jamais. Parce qu’ils ne sont pas là pour ça. Les électrons libres nous avaient déjà avertis de leur refus des carcans sur leur premier album French Romances, qui nous promettait une histoire d’amour à la française, et aujourd’hui, ils reviennent avec le parcours d’un quidam perdu dans l’errance artistique et humaine de la découverte des années folles….Programme s’il vous plaît ? Oh, il est coloré et richement illustré….
J’embarque dans votre voyage, sans bagages…
Ce voyage préparé par nos trublions préférés est chaotique, complètement fou, sans obligation, sans repères, mais c’est justement ce qui fait son charme irrésistible. Second délire enveloppé dans un superbe artwork de Nicolas Dubuisson, Ball-Trap ne vous fait pas le coup du tir aux pigeons d’argile, mais ne vous prend pas non plus pour l’un d’entre eux. Avec Xavier, Seb et Seb, Steve et JC, le bonheur est assuré, mais la fête n’est pas aseptisée pour autant. Nous ne sommes pas dans un monde à la Pleasantville, en monochrome et sourire de façade, mais celle qu’ils utilisent pour balancer la sauce est puissante, mouvante, coulante, et débordante d’un groove qui n’appartient qu’à eux, comme leur personnage de fiction.
En suivant ce conte pas pour enfant, vous risquez de croiser Madame, de swinguer sur les accords de Django, de sentir le velours des tapis et de miroiter un avenir sous les ors décorant des murs presque décrépis. Vous reniflerez la poudre, la terre, la mort, mais au final vous vous sentirez plus vivant que le jour où vous avez perdu votre première dent, ou votre pucelage sur le banc d’une voiture volée pour l’occasion. Car là est l’aventure intérieure proposée par le quintette, qui une fois de plus n’en a fait qu’à sa tête, qui est autant de bois que sa musique est d’or….
Moment clé dans la carrière d’un groupe qui a choisi d’oublier coûte que coûte des références qui sont autant de croutes sur une plaie béante, ce deuxième album est plus qu’une réussite, c’est une célébration de la musique, un dernier hommage à la liberté de création, de la folie baroque d’une époque où on tentait d’oublier les tranchées pour se focaliser sur le plaisir débridé, au risque de s’endormir à jamais dans des volutes d’opium qui tournaient en cercle autour de votre âme, déjà damnée probablement.
Une fois de plus, MALEMORT en choisissant de ne pas choisir à fait le bon non-choix, même en prenant le risque de s’aliéner un public avide de perspectives claires.
Car Ball-Trap, c’est une plume affinée et inspirée qui frotte les cordes d’instruments qui ne veulent pas être accordés à des codes trop fermés. Alors on valse, on tangue, on jazze, on rocke comme les fans de musique que nous sommes, sans trop se poser de question.
Dès l’entame éponyme, la messe lubrique est dite, et la clique nous embarque sur un bateau d’ivresse, sous une lune de Metal en fusion, de swing à l’unisson, et on fait virevolter Madame qui ne voit plus Monsieur, et qui finalement, s’arrache les cheveux sur le Thrash furieux d’un « Mille Regards », qui sont autant d’yeux posés sur elle…Elle est belle madame, elle est libérée, elle n’a pas plus de complexe que n’importe quelle piste de cet album qui la quitte souvent en montant dans les tours, et en faisant crisser les pneus sur l’asphalte…
Difficile de décrire une ode au refus…Difficile de poser des mots sur une musique désenchaînée, mais on peut à la rigueur souligner celle de ces musiciens qui jouent comme ils respirent, et qui dessinent une sarabande enivrante qui pendant trente-huit petites minutes nous fait oublier notre quotidien morne.
On parle de maréchaux déchus et engoncés dans des uniformes tâchés du sang des poilus, de swing futile et d’amours perdus, mais si le mot « concept » pointe le bout de son nez, c’est qu’il est débarrassé de toutes ses pompeuses prétentions pour devenir conte de fée déjà usée par la routine et les illusions fumées.
Vous aimeriez sans doute que je sois plus précis dans ma description, mais ne comptez pas sur moi pour faire des comparaisons, ce serait manquer de respect à ces créateurs de l’extrême qui pourtant se situent à la croisée des chemins.
C’est violent, assurément, dansant évidemment, chantant, heureux mais pas dupe, et si vous souhaitez des éléments plus concrets, tout ça a été enregistré au Concrete Studio par Mobo (GOROD, LOUDBLAST, MERCYLESS), et bénéficie donc d’une production parfaite, un peu sèche, mais qui donne de l’espace à chaque individualité tout en jouant la carte de la cohésion de groupe.
Un chant qui surfe sur les mots qu’il trempe de son phrasé unique, qui exhorte les images à sortir de son larynx sans les retenir, tandis que les guitares, elles, font à peu près ce qu’elles veulent…On passe d’une évocation swinguante des années folles avec ce « Cabaret Voltaire » qui est aussi léger et virevoltant que son homologue Post Punk n’était plombé et glaçant, à une incarnation Heavy-Rock débridée et jouée avec le coeur fixé sur le plaisir, de la trempe de « Decadence », tout en tâtant des ambiances en demi-teinte de « La Fille de Manchester », qui sortirait dans la lumière sans une prière….
Et si dans une volonté de plaisir, on tentait de résumer la déambulation par un nom, on retiendrait peut être celui de « Carnaval Cannibale ». Ils vous le disent eux-mêmes, que voulez-vous qu’ils y fassent puisque c’est comme ça que leur vie passe ? Au gré des vers qui combinent l’argot et le bon mot, où la rime se retrouve au bistrot pour séduire une belle et l’extraire du tripot, ou le Metal le plus agressif et rapide côtoie la chanson française sans honte, mais n’est-ce pas là la philosophie de ces illuminés qui croient encore que la musique n’est pas une affaire d’étiquettes mais bien de conquête personnelle ?
Alors on jumpe autour des tables en rebondissant sur le tempo élastique de « Décadence », qui ose le Thrash N’Roll fusion, on prononce « Mon Nom » en laissant sa phonétique s’enrouler autour d’un mid tempo agacé d’une basse ronflante, et on va jusqu'au bout de la nuit boogie pour « Vaille que Vaille », tenter de trouver un sommeil à tout jamais troublé par une partie de Ball-Trap de l’enfer…humain.
Ce disque est une tranche de vie, une rondelle de citron qu’on pose sur une platine-cocktail et qui s’y colle comme une mouche sur une vitre au soleil. Celui des MALEMORT brille de ses propres merveilles et si vous connaissez ma plume, vous avez certainement remarqué que dans cette chronique sans influence nominale citée, seul celui de MALEMORT a droit de cité.
Pourquoi ? Parce qu’il est unique et qu’il serait insultant de le comparer. Jouez cet album et fermez les yeux. Vous pourrez sentir le parfum des belles du matin qu’on a déjà payées mais qui traînent pour ne pas repartir de là où tout le monde vient. Ce néant de nostalgie qui nous fait danser au son des temps où la liberté de chanter était plus importante que les guerres de styles gangrénées. Ce temps où l’on pouvait s’amuser sans savoir à qui ça plairait, ce temps où…Mais quel temps déjà ? Celui que Ball-Trap s’ingénie à recréer l’espace d’un instant, pour nous faire sourire à la face d’un monde sordide en simulant la folie sur ses instruments, qui s’époumonent jusqu’au bout de la nuit…
Les années sont folles, la poésie est grave ou frivole, mais MALEMORT est comme une petite mort. Des pieds qui décollent, un orgasme auditif, une fontaine d’alcool, et un sommeil plein de couleurs et de souvenirs de picole. Une musique addictive, des mots qui sonnent, et un vent de liberté qui souffle sur l’actualité, qui a bien besoin d’un peu d’oubli pour ne pas tous nous achever…

spirit of metal - 2 décembre 2016 - note : 16/20
dark owens
En 2013, d'obscurs trublions réunis sous le patronyme de Malemort sortaient une première œuvre du nom de French Romances. Loin de tous les canons de l'époque en matière de Metal puisque refusant de se positionner clairement dans un genre précis, et surtout quelconque, ce disque adoptait des tournures tantôt Thrash, tantôt Punk, tantôt Alternatif, tantôt Rock, tantôt Heavy... Cet opus était également habité par une poésie désuète douce amère et par une atmosphère inhabituelle délicieusement passéiste. Ses chansons étaient écrites dans un français remarquablement fin, brut et intelligent. Le tout était accompagné d'un chant hargneux médium singulier très en phase avec son expression plurielle et d'une imagerie vintage empruntée à la révolution industrielle du début du siècle dernier. Tout ça pour dire qu'un premier album, et un groupe, aussi insolite et atypique, dans un monde aussi formaté que celui dans lequel nous vivions, et nous vivons toujours d'ailleurs, aurait dû passer totalement inaperçu. Pourtant, étonnamment, par un prodige que les plus acharnés en mal d'authenticité n'osaient plus espérer, ce ne fut pas le cas. Il récolta, et ils récoltèrent, un joli succès critique. Nous voilà donc trois ans plus tard avec entre les mains, et surtout entre les oreilles, Ball Trap, le second opus de ce collectif. Musicalement rien n'aura véritablement changé. Malemort continuera, en effet, de s'affranchir ici des genres pour nous proposer un mélange très personnel dans lequel semble cohabiter à la fois Blankass, System of a Down, Metallica, Matmatah (sans toutefois le côté bretonnant), Iron Maiden et Noir Desir. Autant de noms qu'au fond chacun pourrait entrevoir au gré, çà et là, de quelques intonations, mélodies ou fioritures. Ou pas, car en réalité, la musique de cette formation est si variée, hybride, rafraichissante et si, encore une fois, personnelle que la liste pourrait être toute autre. Pour définir son art Malemort utilise le terme "Metal Libre" et, à dire vrai, c'est peut-être ce qui lui correspond le mieux. Pour ce qui est de l'aspect visuel et des artworks proposés ici, une fois encore, ils sont très empreints du passé. Cependant, cette fois-ci, ils se nourrissent davantage des années folles, de la première guerre mondiale, des romans noirs, de l'art nouveau, des cabarets et du Paris des années 20 plutôt que de l'acier et des usines. Ce travail est l'œuvre de Nicolas Dubuisson et sied parfaitement à ce disque. S'agissant des textes, ils sont à la fois recherchés et percutants comme autant d'histoires "cousues de fils barbelées". Ils dépeignent le parcours initiatique d'un jeune homme durant le chaos artistique de cette première partie du 20ième siècle. Pour finir sur les points positifs à mettre au crédit de ce Ball Trap, notons également la qualité de ses refrains. Quelques écoutes suffiront, en effet, à vous en convaincre et à vous les mettre en mémoire (Mille Regards, Brûle, Madame, Cabaret Voltaire, Mon Nom, Vaille que Vaille, Carnival Cannibale...). Fort de toutes les vertus décrites jusqu'à présent Mille Regards au préambule très âpre et aux refrains superbes ou Mon Nom au final acoustique habile nous régalent. Tout comme d'ailleurs l'incroyable Madame à la musicalité très intéressante ou l'excellent et très Rock Cabaret Voltaire à l'entame et à la conclusion accentués par de splendides passages en sourdine où piano et guitares se mêlent pour nous offrir l'ambiance des music-halls de ces temps-là. Trois morceaux splendides mais qui ne seront pas les seuls. Arrivé à ce stade de ma démonstration le lecteur tatillon, et courageux d'avoir enduré le calvaire de la lecture d'une critique aussi élogieuse (au passage merci pour ça), se demande si mon esprit d'habitude éminemment plus critique n'aurait pas été fourvoyé par quelques rétributions du genre le rajout de mon nom dans les remerciements du livret de ce Ball Trap (au passage merci pour ça) ou, pire encore, par la folie pour encenser aussi pleinement et aussi manifestement cette œuvre? Je dirais, pour ma défense, déjà, que l'objectivité totale est un vœu pieux. Et, ensuite, que cet opus n'est pas exempt de défauts. Lesquels me direz-vous? Et bien sa durée d'à peine 39 minutes peut-être. C'est court. Ça passe vite. Cela dit, deux tiers d'une heure intense valent mieux que trois ou quatre ennuyeux et interminables. Ces chants alors, et surtout ces mots, que d'aucuns pourraient vouloir être davantage mis en avant pour une meilleure compréhension et dans une langue plus universelle que ce français compliqué à exporter? Peut-être. Cela dit, là encore, difficile d'en tenir rigueur à Malemort puisque cette difficulté aura pour conséquence de nous obliger à nous plonger dans le livret et à en lire le subtil contenu. Un mal pour un bien en somme. Quoi d'autres en ce cas? Je n'en sais rien. Mouais. Pas très convaincante la plaidoirie censée défendre ma bonne foi et mon intégrité. Quoi qu'il en soit, pour conclure (et cette fois-ci pour de bon), beaucoup de groupes se targuent de posséder un univers. Ce qui est vrai...souvent...parfois. Malemort, quant à lui, est un spécimen beaucoup plus rare puisqu'il possède le sien. Un univers dans lequel il puise cette musique métissée et polymorphe qu'il nous offre, en cette fin d'année 2016, sous la forme d'un Ball Trap, une fois encore, somptueux.
soil chronicles - 16 décembre 2016 - note : 9/10
metal freak
Quatre ans plus tôt, je vantais déjà les mérites de ce groupe qui nous avaient bien explosé les oreilles avec leur premier album “French romances” (ici).
L’intro de ma chronique était en ces termes : Alors là, pour le coup, les perfectionnistes qui ne peuvent s’empêcher de classer chaque groupe dans un style défini avec exactitude vont y perdre leurs petits. Pour ceux qui ne démordent pas qu’un carré est un carré vont se poser immanquablement la question de savoir dans quelle catégorie situer Malemortavec exactitude ! Ben démerdez-vous ! Free metal ? Tiens oui, pas con… pourquoi pas ?
On ne va pas se mentir, pour ce nouvel album, on va garder les mêmes termes.
Malemort se fait plaisir en jouant sa musique, ça se ressent tant sur album qu’en concert : tiens, il faut les voir foutre le feu sur scène. Ça part de partout, ça saute, ça couine, ça te colle une irrésistible envie de te secouer les cervicales… comme sur album, quoi, mais la sueur en plus !
Une chose est sure, si tu as des soucis de pellicules sur ta crinière, pas besoin de traitement douteux : un concert de Malemort, tu te la secoueras tellement fort (la tête, je ne parle pas de tes exploits aux cagouinces) qu’il n’en restera plus une seule.
Avec ce nouvel album, Malemort a décidé de taper encore plus fort.
Le son, signé Frédéric « Mobo » Motte au Conkrete Studio, est juste énorme et comme le groupe aime soigner sa présentation, on a à nouveau droit à un très bel artwork signé Nicolas Dubuisson avec cette œuvre à se faire signaler par les bigotes des réseaux sociaux.
Musicalement ?
Je l’ai dit plus haut : inclassable !
Ils se la jouent tantôt punk, tantôt metal, parfois carrément thrash : on oscille dans des univers croisés à la Bérurier Noir, aux Sheriffs, à Metallica, au rock plus classique façon Led Zep’ ou Deep Purp’ de dans l’temps, un rien de rock indépendant à la Noir Désir, le tout mâtiné avec un esprit franchouillard rappelant Montmartre ou Pigalle, renforcé par la belle habitude que le groupe a pris de ne signer des paroles qu’en français !
Alors oui, les cinq garçons mettent une conviction à l’image de l’énergie qu’ils déploient : énorme !
Non, on ne s’ennuie pas un instant : les titres sont courts – autour des trois minutes – et sont d’une bonne humeur communicative.
Et allez chercher un morceau plus remarquable que les précédents, tiens, en voilà un défi !
Chaque titre est une invitation au pogo effréné, au bordel dans les pits, et au refrain à chanter à tue-tête histoire d’exploser encore plus les oreilles de ses voisins de concert !
Entre les titres furieusement metal (« Balltrap », le thrash « Mille regards », « Carnaval cannibale »), ceux au punk / rock irrésistible (« Foutue belle jeunesse (la carapace) », « Brûle », « Madame », « Cabaret Voltaire », « Décadente », « Vaille que vaille ») sont autant de hits en puissance.
Et même lorsque le tempo se ralentit un tantinet (« Mon nom », « La fille de Manchester »), ils arrivent à être accrocheurs.
Oui, cet album fout la patate !
Oui, « Ball trap » se doit d’être l’album qui va vous réveiller le matin et ne pas vous lâcher jusqu’au coucher, se doit d’être l’album que vous allez vous coller à fond dans la voiture en partant bosser.
Vous allez voir, vous aurez juste envie de montrer un gros majeur à votre inspecteur des travaux finis de chef dès sa première remontrance, et avec le sourire s’il vous plait !
Oui, Malemort nous a pondu un album qui se doit d’être remboursé par la Sécurité Sociale !
lord of chaos - 25 janvier 2017 - note : 8,5/10
bernard-henri leviathan
Le jour où j’ai rencontré Xavier Malemort était un de ceux où le froid de novembre est tenace. D’extérieur seulement car, en passant la porte de l'[Art]Gressif – illustre club de nos contrées lilloises, l’atmosphère flottante relevait davantage d’une moiteur satisfaite de fin de concert avec toute la franche camaraderie allant de pair. Et j’arrivais après, hélas.
Le jour où j’ai rencontré Xavier Malemort, je me suis retrouvé face à un gars content d’être là, communicatif, droit dans ses bottes, un mec intelligent en somme. Le genre de rencontres avec qui tu passes la fin de soirée à discuter de tout, de rien, mais quand même surtout de musique et de scène Heavy Metal ancienne ou en devenir.
Et de toutes ces influences échangées, je m’étais fait une idée presque précise de la musique pratiquée par le jeune homme et ses troubadours des temps modernes. De sorte que, quelques semaines plus tard, en m’étant procuré « French Romances » – le premier album de MALEMORT, je fus quelque peu décontenancé à la découverte d’un timbre de voix plus Rock-Punk et d’une musique plus moderne que le registre traditionnel imaginé. Comme quoi, nous sommes des êtres un peu gauches, faits d’idées reçues et de pensées un brin raccourcies. Passée la surprise, c’était un groupe à l’identité évidente et soignée que je découvrais.
Quatre années plus tard, c’est avec ce « Ball Trap » que MALEMORT décide de refaire surface. Il ne s’était néanmoins pas endormi dans ce laps de temps, affichant régulièrement des prestations remarquées aux côtés de noms réputés, et le voilà qui défraie la chronique à peine ce nouvel album sorti. Difficile de passer à côté et ce serait bien dommage d’ailleurs.
Le groupe enfonce donc le clou et approfondit son style tourné vers un Metal/Rock bien ancré dans notre ère, prenant racine dans divers sous-genres et surtout au delà des carcans. Ici des titres rentre-dedans (« Ball Trap », « Mille Regards », « « Décadence »), là plus posés (« Mon Nom », « La Fille de Manchester »), ou encore originaux (« Madame », « Cabaret Voltaire »). PANTERA vient à l’esprit, « King For A Day » de FAITH NO MORE aussi, que sais-je encore… et du français bien sûr, parce qu’il y a cette volonté aussi dans l’identité de MALEMORT de prendre soin de notre culture. LOFOFORA, TRUST ou même NOIR DESIR, du Thrash, du Punk, de la fusion, des traces et des traces de ce qui a jalonné l’histoire de notre musique.
Onze titres qui sont autant de chansons « coup de poing » pour un rendu global qui se veut plus compact, plus lourd. Tout y est travaillé pour être immédiat et c’est un parti pris fort agréable dans cette époque où tout le monde veut toujours en faire plus et trop. Les chansons sont courtes, s’enchaînent vite, en toute fluidité, et tout semble construit autour de refrains qui font mouche dès la première écoute. Les mélodies entêtantes très vite assimilées vous poursuivent des heures durant, avec toutefois le potentiel risque d’irritation qui peut coudoyer sur le long terme…
Chaque titre est mené tambour battant par le timbre si personnel de Xavier qui crache les consonnes de sa poésie urbaine, écorchée mais toujours inspirée et en finesse. Il y est notamment question d’un jeune homme en pleine tourmente du Paris des années 1920 (mis notamment en image façon BD de luxe dans les belles pages accompagnant le disque) mais ces mots peuvent tout autant s’inscrire dans notre quotidien. Nous remontons le temps pour nous rendre compte que de ces fantaisies décadentes qui faisaient cette époque, non, ce n’était pas forcément mieux avant. Parfois, et surtout en fin d’album, le chant monte pour proposer des harmonies et arabesques plus lyriques (le très réussi « Vaille que Vaille » ou « Mon Nom », par exemple), terrain sur lequel je vois bien le groupe évoluer par la suite tant l’émotion y est encore plus mordante.
Même si les espaces de respiration instrumentaux sont canalisés – toujours dans cette optique d’immédiateté – les musiciens sont loin d’être relégués au simple accompagnement. L’équipe de fines lames déroule, sur un lit de rythmes variés (s’aventurant jusqu’au jazz de cabaret ou le disco) et au groove implacable, divers moments magistraux qui contribuent au sérieux de cet album. Ainsi les soli posés sur des titres comme « Décadence », « La Fille de Manchester » ou « Carnaval Cannibale » dévoilent une paire de guitaristes certainement élevés aux grands héros du genre.
Plus sévèrement produit que son prédécesseur, ceci sera bien certainement la carte qui permettra au groupe de monter encore, et pourtant, de manière complètement subjective et je sais que cet avis n’aura point d’imitateurs, je garde une préférence pour le côté plus brut, charbonneux, artisanal presque, de « French Romances » qui collait bien à ces sonorités Punk, hargneuses, faites de chair et de sang. Maudite industrie musicale avec ses grandes exigences!
Au-delà de ce débat que je ne prétendrai pas lancer ici, MALEMORT sort avec « Ball Trap » un disque au professionnalisme évident, à la personnalité forte et qui s’adresse à un très large public. Associé au fait que le groupe se débrouille seul pour produire et faire vivre sa musique, voilà autant de mérite que nous nous devons de souligner. Nous espérons maintenant retrouver MALEMORT à l’étape supérieure, ce ne serait que justice. Avec des groupes comme celui-ci, nous pouvons être fiers de notre underground !

metal night fall - 6 mars 2017 - note : 4/5
jeff kanji
Avez-vous jamais imaginé un Metal totalement décomplexé baignant dans une ambiance années folles ? Une sorte de bande-son moderne des aventures de Charlot ? Et bien j'ai le plaisir de vous annoncer qu'un combo francilien, MALEMORT, vient d'y donner corps avec une maestria peu commune, un art à la française tellement brillant qu'il nous fait réfléchir sur les raisons de la domination anglo-saxonne des soixante dernières années.MALEMORT s'était déjà fait remarquer avec son premier disque, enregistré en compagnie d'Aurélien Ouzoulias (MÖRGLBL, SATAN JOKERS) et déjà masterisé au Conkrete Studios et ses paroles en français, parfois peu évidentes à capter ; la lecture des textes est essentielle pour constater le talent d'écriture du combo qui utilise à la fois un français très poétique, mais aussi brut et direct qu'il pouvait l'être dans la bouche d'un MANO SOLO. La musique s'affranchit de tout carcan, et on retrouve des influences diverses, venues tantôt du Heavy, du Thrash mais aussi du Rock au sens large avec une urgence Punk qui explose littéralement sur ce deuxième opus qui porte le titre pour le moins percutant de "Ball-Trap".Racontant les frasques d'un jeune homme en pleines années folles (période que le groupe avait déjà utilisé avec esthétisme sur "French Romances"), MALEMORT renforce son côté steampunk en se rapprochant visuellement d'un A FOREST OF STARS ou d'un THERION époque "Les Fleurs Du Mal". Le clip de "Cabaret Voltaire", décrivant la garde à vue du protagoniste, dadaïste convaincu pris en pleine chasse au corbillard pour la réalisation d'un film amateur vous plongera en pleines Brigades Du tigre alors que le synopsis, présenté en rapport de police en fin de vidéo vous fera sans doute bien rire, en particulier si vous êtes client d'un humour porté sur l'absurde.Musicalement, "Ball-Trap" s'avère plus énergique que son prédécesseur, plus immédiat aussi, les refrains de "Mille Regards" ou "Madame" s'avérant excessivement contagieux. Les mots de Xavier Malemort sont percutants et font mouche à chaque fois, pour peu qu'on les comprenne et c'est le seul défaut que je trouve à ce disque et chez MALEMORT en général. Les mélodies sont tout aussi jouissives, et la première moitié d'album possède un swing excessivement contagieux ("Cabaret Voltaire" et ses "papada papada") que la section rythmique rend ultra dynamique. MALEMORT peut se féliciter de tenir maintenant un line-up aguerri par le live à la puissance de feu redoutable. Avec peu d'éléments, ces gars-là peuvent vous retourner une salle.Doté finalement d'une énergie et d'une urgence très Rock'N'Roll, MALEMORT dépasse la notion de genre avec ce disque, qui au final n'est pas tellement intéressant pour son côté bariolé, son chant en français ou son esthétique mais par le fait qu'il dispose d'une très forte personnalité qui le distingue aisément de la masse et qui lui laisse une liberté totale quant à une future évolution de sa créature. "Ball-Trap" est une œuvre d'art dans l'acceptation la plus noble du terme et perpétue un art à la française qui nous apparaît bien désuet, y compris ici, mais qui peut toujours révéler de beaux potentiels. Xavier, toujours seul maître à bord, est en charge des compositions jusqu'à la moindre syllabe (ce travail extrêmement minutieux explique sans doute aussi le côté extrêmement percutant des textes).MALEMORT méritera incontestablement de figurer au rang des grosses révélations et des surprises d'une année 2016 qui n'a rien proposé approchant de près ou de loin la matière en mouvement gravée par MALEMORT. En outre, "Ball-Trap" se disperse moins que son prédécesseur et touche au but avec une efficacité chirurgicale et une homogénéité d'ensemble qui manquait un peu à "French Romances". Ces onze grenades, concises n'ont pas fini de me faire sauter partout. Et dites-moi que vous arrivez à résister à un "Cabaret Voltaire" ou à un "Vaille Que Vaille"…

a mong the living - 3 juin 2017
stéphan birlouez
C’est toujours un plaisir de chroniquer un album de cette qualité, plaisir doublé quand les auteurs du méfait sont français (cocorico). Les franciliens de MALEMORT sont de retour avec un Ball Trap de haute voltige et remarquablement bien produit.
Successeur de l’excellent et unanimement salué French Romances ce deuxième opus de MALEMORT place la barre encore plus haute, nous délivrant des compos aussi burnées qu’inclassables, et c’est tant mieux. Avec une identité forte et marquée, MALEMORT impose son style et navigue dans les eaux profonde d’un rock aux accents métal, punk, jazz et dotés d’un formidable groove et d’une texture si unique.
Vous l’aurez devinez, cet opus m’a emballé. Et d’entrée de jeu les lascars donnent le ton avec le titre éponyme de l’album qui bastonne sérieusement. Xavier, le chanteur, impose son chant au style si particulier, posant des textes fouillés sur des mélodies efficaces à l’impression indélébile.
Le cadre reste toujours le même. Avec une scénographie accès sur les années folles, MALEMORT récidive dans l’excellence, avec un artwork réussi et une production aux petits oignons.
On se laisse facilement emporter dans l’histoire, les titres défilent et ne se ressemblent pas. Du Mille Regardsassassins délicieusement thrashisant, glissant naturellement sur Foutue Belle Jeunesse au texte incisif et prenant, en passant par l’ovni Madame et son finale au chant tribal.
On touche au sublime avec Cabaret Voltaire, véritable pépite taillée pour la scène et mettant en lumière (s’il en fut besoin) la qualité des musiciens.
La section rythmique tenue par Vicken Chidoyan (batterie) et Jean-Christophe Tassin (basse) est redoutable d’efficacité et de subtilité, le tout sublimé par la paire assassine que sont Sébastien Berne et Sébastien Lafaye aux six cordes. Parlons-en des guitares. Elles sont juste sublimes, comme sur La Fille de Manchester, Mon Nom ou sur Decadences pour ne citer que ceux-là.
Avec des compos au cordeau n’excédant pas les 4 minutes, Ball Trap est un album parfaitement bien équilibré qui ne souffre d’aucun défaut. On finit en beauté sur un Carnaval Cannibale truculent et exotique, pour se mette la tête à l’envers d’Ivry au Laos. Fin d’un voyage initiatique sur fond d’un après guerre ou le protagoniste brise les codes à l’image du groupe. Belle oeuvre.
Must have 2017 !
france metal museum - avril 2017
dom baillon
En 2012, un jeune groupe originaire du Val d'Oise proposait son premier album autoproduit "French romances". S'affranchissant de toute étiquette, les musiciens s'enorgueillissent de suivre cet adage : "Nous, musiciens sans nom, sans étendard et sans chapelle, avons décidé de créer Malemort à l'image que nous nous faisons du Métal : Libre !".Le résultat est une musique riche et spontanée, puissante et attrayante... qui trouve rapidement l'adhésion d'une presse unanime et d'un public grandissant. Ce dernier leur est acquis à grande dose de shows bouillants effectués sur de nombreuses scènes durant quatre années. Partageant l'affiche de groupes de tous horizons tels Death Angel, Pro-Pain, No One is innocent, UFO, Diamond Head, Bukowski, Tank, ADX, Zuul FX, Witches, Incry, Headcharger... les musiciens en profitent pour mettre en avant et tester de nouvelles compos. C'est donc avec une optique d'efficacité qu'ils renforcent une nouvelle set liste, au fil des dates, dévoilant au fur et à mesure ce qui sera leur prochaine offrande studio.Pour se faire, Xavier Malemort, leader et chanteur du groupe, rencontre à Bordeaux Frédéric "El Mobo" Motte, l'un des compositeurs phare des trente dernières années de la micro informatique (Nintendo, Atari, Amiga...). Musicien, il a joué notamment en tant que bassiste avec Ron Thal (Bumblefoot, Guns n' Roses...), mais aussi producteur reconnu à qui l'on doit entre autres le dernier Gorod. Le feeling passe entre les deux hommes, et le groupe investit le Conkrete Studio pour enregistrer onze nouveaux titres qui composeront le nouvel opus.Le line-up de Malemort a évolué. Il est pour ce nouvel album constitué de Xavier Malemort (Chant), Steve (Guitare), Seb Lafaye (Guitare), JC (Basse) et Seb Berne (Batterie). Cette dernière est enregistrée au Studio de la Tour Fine par Vincent. "El Mobo" se charge, quand à lui, du mixage et du mastering."Ball-trap" sort en autoproduction le 5 décembre 2016, sortie boostée par une interview et la chronique dans la rubrique "notre album du mois" de la revue Rock Hard N°171, aux côté de Metallica, Crowbar, Avenged Sevenfold, et autres... excusez du peu ! Ils obtiennent une note de 9/10. Une mise en avant salutaire et méritée, que le magazine renouvellera en incluant un titre de cet opus dans un prochain sampler.Sans être un concept-album, "Ball-trap" raconte "le parcours initiatique d'un jeune homme avant-gardiste des années 20, les fameuses "années folles", superbement mis en image sur l'artwork de la pochette par Nicolas Debuisson. Riche en détails, au service de l'histoire, avec des jeunes femmes dans le plus simple appareil, fleurant la prostitution. Le costume de l'homme celui de la prohibition. Véhicule d'époque, poilus issus de la guerre passée... autant d'images auréolées de perles et de roses et teintées de la fumée de cigarette que le quidam tient dans sa main, font de ce dessin un dépaysement et une réussite au service de l'œuvre des musiciens. Un artwork qui devrait prendre toute son ampleur sur une version vinyle, si le groupe avait l'idée d'en éditer quelques exemplaires.Les paroles de "Ball trap" sont imagées, voire "elliptiques" aux dires de Xavier. Ce dernier est en train "d'écrire la nouvelle qui retrace ce récit, afin que les personnes qui en auront envie puissent la lire sur le site du groupe". Le livret est lui aussi réussi. Outre les paroles agrémentées de croquis dans des nuances de rouges, il contient remerciements, renseignements sur l'enregistrement, et un superbe croquis en noir et blanc représentant les musiciens en costumes d'époque, Xavier abhorrant la "sulfateuse d'Al Capone", célèbre mitraillette d'alors.Il est grand temps de se plonger dans cette époque révolue que sont les "années folles". A peine remis des horreurs d'une guerre traumatisante, le peuple français redécouvre le plaisir de s'amuser et un intérêt pour une culture en pleine éclosion. "Ball-trap" ouvre les hostilités, après une intro ou chaque instrument prend ses marques. Le tempo s'envenime dans une certaine urgence, à l'image des mots "crachés" avec une volubilité impressionnante par un Xavier envoûté. On retrouve avec plaisir son amour pour la langue française, jouant avec les mots comme un Manset ou Thiéfaine, ponctuant cette œuvre d'autant de phrases fortes hautement imagées "Parce que les mères folles, qui reposent en corolle tout au fond d'un entresol. Parce que l'homme sans visage, vérolé de carnage, plie sous mes outrages...".Le son signé Frédéric Motte donne toute sa dimension à la musique de MALEMORT. Une entrée en matière bien rentre dedans, à l'instar de ces riffs marqués, prompts à un headbang de rigueur. Le refrain, comme tous les titres de cet opus, est vite mémorisable et addictif. Le genre qui s'enfonce dans notre cerveau et que l'on se surprend à chantonner plus tard. Chaque musicien abat son boulot avec maestria telle la rythmique "coup de poing", ou le soliste Seb Lafaye aux envolées aussi impressionnantes qu'inspirées.Après ce premier uppercut, MALEMORT nous assène "Mille regards" aux relents thrashy, limite death mélodique ! Le tempo est donc loin de se calmer. La guitare apporte son lot de mélodies et le fait de posséder deux six-cordistes au sein du groupe est un apport indéniable et un gain de puissance rythmique supplémentaire. Le chant de Xavier est varié, mettant en avant ses mots avec un talent qui lui est inné. On pense à Renaud Séchan lorsque le vocaliste conclut la chanson. On se laisse embarquer au fil des mots, et des riffs mélodieux et puissants avec un plaisir grandissant et une accroche inexpugnable.On calme le jeu avec le tempo de "Foutue belle jeunesse (La carapace)". Un morceau aux aspects punks et un côté Rock à la Noir Désir. Les "je ne savais pas" devraient faire leur effet en concert. Le groupe s'en sert d'ailleurs, calmant le jeu, répétant ces mots pour relancer le morceau et conclure tout en puissance sur le refrain répété encore et encore jusqu'à sa conclusion.Outre les groupes précités, la musique de MALEMORT nous fait penser tantôt à un Porte-Mentaux survolté, à un Timides survitaminé, un Parabellum ou Shériff à la sauce Métal, ou un Lofofora à la sauce Pantera... A la fois tout cela et beaucoup plus encore ! Les aspects Punks ou Rock Alternatif sont flagrants sur "Brûle", un morceau qui aurait pu ne durer qu'une minute trente, le groupe préférant nous proposer une partie instrumentale avant de repartir avec un côté enjoué salutaire.Le tempo se durcit, se teintant de sombre avec un style plus lourd sur "Madame". L'humour est omniprésent "Quelle belle histoire, cousue de barbelés la chair malmenée". Un "appel aux libertinages", à l'instar de ce refrain également entraînant nous apportant le sourire aux lèvres."Cabaret Voltaire" est le titre que le groupe à choisit de mettre en avant via un clip plutôt réussi, avec des images volontairement vieillies pour nous plonger dans l'époque. Après une intro qui nous plonge dans l'ambiance des cabarets, le tempo s'envole et nous entraîne dans des relents Rock'n roll endiablés. Saluons une nouvelle fois le travail soliste de Seb Lafaye, impérial ! Quelques notes de piano nous replongent dans ces endroits enfumés de l'époque avant de conclure. MALEMORT reste dans un registre qui lui va bien, de titres efficaces avoisinant les trois minutes et au refrain qui fait mouche !On change d'ambiance avec "Mon nom", au tempo plus "posé". Un titre plus Rock que Metal d'une efficacité certaine. Un passage acoustique avant que les guitares ne nous assènent des soli aussi enflammés qu'inspirés. C'est d'ailleurs avec ce côté acoustique que se conclue le morceau.Retour au Metal et aux riffs lourds et bien marqués sur "Décadence". Un refrain toujours efficace, des parties instrumentales lourdes et un savant travail des guitares font de ce titre l'un de mes préférés de l'album."La fille de Manchester" calme le tempo. A préciser que la basse est tenue sur ce titre par Fab Mandola. Un morceau tout en ambiances rafraîchissantes qui nous montre encore un superbe travail des guitares."Vaille que vaille" poursuit avec son refrain entêtant. Le phrasé de Xavier sur les couplets peut surprendre, voire dérouter. Toutefois on se laisse vite embarquer. D'ailleurs, ce titre à un côté chanson de marin addictif... un côté Soldat Louis version Metal !"Carnaval cannibal" enfonce le clou et conclut en toute beauté les débats ! Riffs en avant, tempos accélérés et soli diaboliques ponctuent ce titre.Au final, MALEMORT nous propose un deuxième album riche et entraînant aux côtés addictifs indéniables ! "Ball trap" est indispensable et prendra soyons-en sûrs, une bonne place sur vos étagères. En attendant leur prochaine offrande, n'hésitez pas à aller les apprécier en live s'ils passent dans votre région. Personnellement, je les attend avec impatience !

music waves - 21 juin 2017 - note : 4/5
childéric thor
Malemort, qu'il ne faut bien entendu pas confondre avec son (quasi) homonyme évoluant dans les ténèbres de l'art noir, annonce pratiquer du metal libre. Késako ? Il s'agit, comme le précisent ses membres, d'un rock sans étiquettes ni chapelles. Refusant ainsi d'être inféodés à un quelconque genre, ces musiciens épris de liberté et d'indépendance prennent soin de gommer les frontières, ne se donnant aucune limite, ambition ô combien louable déjà à l'œuvre sur "French-Romances", leur premier jet, et aujourd'hui amplifiée par ce "Ball Trap" aussi frais que surprenant. Si le recours à la langue de Molière paraît de prime abord arrimer le groupe à une certaine tradition hexagonale, la musique qu'il forge ne ressemble en réalité à rien de balisé et encore moins de calibré, faisant naître dans l'esprit une myriade d'images, tour à tour progressives, heavy, thrash, sudistes voire carrément pop (et pourquoi pas ?). C'est lourd parfois ('Madame'), remuant aussi ('Cabaret Voltaire'), décontracté souvent, direct toujours. Et puissamment inspiré surtout. Au nombre de onze, les titres s'enchaînent sans temps mort, tous plus mémorables les uns que les autres, irrigués par de mordantes lignes vocales qui galopent sur une piste solidement dressée par des techniciens qui ont l'intelligence de mettre leur insolent savoir-faire au service d'un ensemble homogène, au ton juste en dépit des nombreuses forces qui le travaillent. Mention spéciale d'ailleurs aux guitaristes dont les interventions zèbrent l'écoute de fulgurances acérées à l'image de ce 'Décadence' groovy en diable ou de cette 'Fille de Manchester', d'une lenteur aussi crépusculaire que désespérée, théâtre de belles saillies progressives. Rapidement, on se surprend à fredonner ces mélodies aiguisées, signe des grands disques. Et des grands groupes. Bien que le chant en français puisse peut-être freiner son exposition en dehors de nos frontières, outre le fait qu'il imprime sa marque extrêmement personnelle au son du groupe, il est le pinceau servant à conter un récit qui plonge l'auditeur dans les années-folles, époque aussi foisonnante qu'insouciante dans laquelle Malemort puise justement sa liberté de ton comme de trait. Expressive et fascinante, la voix de Xavier sert de guide au charme vénéneux ('Mon nom'), narrateur théâtral dont les paroles poétiques ferrent l'auditeur dès l'éponyme 'Ball Trap', lequel amorce une écoute savoureuse et singulière qui ne débande jamais. Soutenu par un rempart instrumental du feu de dieu parfois tavelé de tendres arrangements, ces lignes vocales emportent tout dans leur sillage, propulsant ces compos ciselées avec une force robuste qui se conjugue à une sourde amertume. Entre un 'Mille Regards' dont le refrain s'accroche à la mémoire comme une moule à un rocher et lui aussi réceptacle de brillantes effusions guitaristiques, ce 'Brume' qui envoûte autant qu'il donne envie de taper du pied, nimbé de sombres effluves, ou bien encore le terminal 'Carnaval Cannibale' dans lequel coule une sève rageuse et sans omettre ceux déjà cités, les brûlots s'empilent au sein de ce menu incendiaire auquel il ne manque qu'une prise de son plus tranchante pour se montrer plus incisif qu'il n'est déjà, réserve très relative qui toutefois n'empêche nullement Malemort de frapper très fort, secouant un landerneau métallique qui en avait bien besoin !
ninehank - 17 juillet 2017 - note : 5/5
denis
Malemort : l'avenir du rock français !
Salué par la critique il y a quelques mois lors de sa sortie en autoproduction, Ball Trap des Franciliens de Malemort bénéficie enfin d’une vraie distribution, appuyée par une structure professionnelle et propulsée par une promotion digne de ce nom. Et ce n’est que justice, car ce groupe de rock teinté de hard mérite que le plus grand nombre s’intéresse à lui. Dès les premières notes de « Ball Trap », le ton est donné : les guitares sont incisives, le chant, en français, joue avec les mots et les sonorités, la rythmique assure et les mélodies sont soignées. Que demander de plus ? Certainement que le reste de l’album suive. Et c’est le cas !
Car Malemort parvient à faire la synthèse de tout ce que le rock et le metal français ont pu faire d’excellent ces trente dernières années. On perçoit des éléments déjà présents chez Océan pour la manière d’écrire les textes (« Foutue Belle Jeunesse ») de Trust dans la violence revendicatrice (« Brûle », « Carnaval Cannibale »), Sortilège pour certaines intonations (« Mille Regards ») voire des premiers Téléphone pour les mélodies (« La Fille de Manchester ») et Noir Désir sur « Mon Nom ». Mais tout cela est fait avec une modernité, une inventivité, une personnalité et une classe qui font de Ball Trap un album indispensable. Car Malemort ne copie pas, il digère, réinvente, développe, réécrit, pour inventer une forme de post-rock français indispensable, à la fois coloré, intelligent et unique.
Pour tout dire, Malemort parvient même à donner une légitimité à la variété française sur « Carnaval Cannibale » en la nourrissant de rock, comme si les musiciens étaient parvenus à faire évoluer la musique sombre des années 1960 sans passer par la case paillettes. Les mélodies de ce morceau sont exceptionnelles et les guitares d’une rare justesse. Sans doute la meilleure chanson de cet album qui contient onze tubes en puissance.
Mais revenons à l’ensemble. Que dire de plus ? Onze titres pour moins de quarante minutes, c’est dire si le groupe va à l’essentiel ! Rythmes syncopés et chant punk rock sur « Ball Trap », introduction jazz rock avec une basse vrombissante sur « Foutue Belle Jeunesse », apports country et rock années ’50 sur l’excellent « Cabaret Voltaire » qui devrait passer en boucle sur les radios tant il possède toutes les qualités pour entraîner la France entière dans sa danse. Malemort est l’avenir du rock français, non seulement parce qu’il lance des ponts entre les genres, mais également parce qu’il le fait avec un talent unique.

metal sound media - 22 juin 2017
cynthia
Malemort n’est plus un groupe inconnu de la scène métal française, et c’est avec plaisir et curiosité que j’ai écouté leur dernier et deuxième album Ball Trap, sorti sur la toile en novembre 2016 et dans les bacs seulement à partir du 23 juin 2017.
En ce moment, la mode est au vintage et on se doute que Malemort a succombé à cette vague. On retrouve un amour des années folles qui sont des amours d’années si vous craquez pour les mauvais garçons et les courses-poursuites en traction avant. L’artwork est plaisamment baroque voir rococo et on le verrait bien comme vitrail d’une salle de bain de maison close.
J’ai mis mon fume-cigarette au bout de mes longs gants de satin et j’ai écouté Ball Trap, alanguie sur un sofa.
Xavier MALEMORT écrit en français et j’avoue être plus sévère avec les groupes qui choisissent de rester fidèles à notre langue. Il faut qu’en plus de la musique le texte vibre sans être niais. Ce qui n’est pas si simple en fait, notre langue n’étant pas très “rock”, et j’ai eu l’agréable surprise de comprendre les textes et de les trouver bien écrits.
La voix de Xavier est parfois un peu trop grave à mon goût, ce qui lui fait perdre son audibilité. Les intros sont bien pensées et nous permettent à chaque fois de rentrer dans le morceau de manière originale. Les textes sont conçus comme les chapitres d’un livre et nous racontent l’histoire d’un jeune homme n'ayant pas fait le choix d’une vie tranquille.
Le vocabulaire est bien choisi et est mis en musique avec talent. Les refrains savent rompre le rythme des morceaux et relancent leur intérêt par leur originalité.
Cet album n’est pas dans un style, mais dans tous les styles qui plaisaient au groupe. Ils se sont fait plaisir en sortant des boîtes, et je vous confesse que je n’ai eu aucune envie de les y remettre de force. Oui il y a des morceaux plus hard, d’autres plus thrash, d’autres rock etc, mais est-ce vraiment intéressant comme propos? Ces monte-en-l’air de la musique savent mettre en valeur ces textes bien ciselés en nous proposant des rythmes différents pour chacun.
C’est un disque vivant que l’on ne peut écouter d’une oreille distraite. Il est exigeant et nous demande toute notre attention. Il est rare qu’un album aussi vite écrit soit aussi bien réalisé.

songazine - 28 janvier 2018
MALEMORT : OU COMMENT RÉUSSIR DANS LE METAL AVEC UNE FRENCH-TOUCH REVENDIQUÉE.
Qui ça ? Moi ? Faire une chronique sur un groupe qui chante français ? Jamais ! Sauf qu’on est têtus dans la famille, alors on lance l’album quand même. On écoute, puis on prend une claque alors que trente secondes avant on s’imaginait qu’on n’allait clairement pas aimer.
Vous l’aurez compris, Malemort c’est un groupe de metal frenchie. Un projet et univers tenus par le chanteur Xavier, entouré de deux guitaristes, un bassiste, un batteur, et un claviériste/backing vocals. Présents sur la scène metal depuis sept ans maintenant, leur deuxième album nommé Ball Trap a fait ses preuves il paraît. Je vais vérifier par moi-même…
L’album au niveau de la forme ça se passe dans un univers des années 30 (je vous conseille d’aller jeter un coup d’œil sur leurs tenues). Celui-ci nous emmène, titre par titre, minute par minute, au fin fond d’une drôle d’aventure. Comme quand on lit un bon roman en soi.
Au niveau du fond ça commence costaud avec un morceau qui shred à la Metallica. Puis on enchaîne sans perdre de temps sur des morceaux qui s’imposent parce qu’ils signent un univers à part entière (Mille regards – Foutue belle jeunesse). Puis on se mange des tubes qu’on va chanter et comprendre en plus, parce que c’est notre langue natale (Brûle– Madame) !
J’aime avoir des repères au niveau du chant; on entend du Trust, du Renaud et du Tagada Jones dans la façon dont claquent les lyrics. Et ça me plait.
Virage ou dédicace, belle claque avec Cabaret Voltaire qui fera penser indéniablement à Hot for the teacher de Van Halen. Celui qui nous emmènera dans les années 30 en moins de deux d’ailleurs.
Arrive la seconde partie de l’album, plus sombre. Celle qui te donne envie de te secouer la tête en faisant des beaux ronds avec tes cheveux longs.
La fille de Manchester, comme tout groupe qui se veut de rentrer dans l’Histoire, c’est la belle balade. Ni trop douce, ni trop violente. Morceau magnifié par la guitare acoustique.
Vaille que Vaille et Carnaval Cannibal sont les morceaux qui viennent clairement mettre tout le monde d’accord, impressionnants de propreté et de travail. Une rythmique à la batterie qui m’enjaille, des solos de gratte excellentissimes et une basse qui me fait taper du pied. On n’a qu’une envie après l’écoute, aller les voir sur scène tant cet album est bien ciselé.
En parlant de scène : ces messieurs vont se remettre en selle très rapidement cette année. Ils passeront par la suite au festival MetalDays en Slovénie puis au Hellfest, rien que ça. Pas le droit de les manquer et de pas les soutenir, j’vous ai à l’œil !
Mais où je veux en venir avec cette chronique ? C’est évident mes ami(e)s, si vous êtes aussi têtus que moi pour vous rebuter sur le « chanter français », arrêtez tout ! On aurait raté l’excellent Malemort. Et on en a raté d’autres c’est sûr. Ces mecs nous prouvent qu’avoir LEUR signature musicale sans rentrer dans des cases toutes aussi surfaites les unes que les autres n’empêchent en aucun cas la réussite.
Alors oui, pour que ça passe correctement dans mes oreilles, il fallait que ça soit un sans-faute, surtout instrumentalement. C’est chose faite. Vous avez réussi à me réconcilier avec la langue de Molière. Pour tout ça, chapeau bas messieurs.